Je me tortillais dans ma litière, faisant un cauchemar, comme chaque soir.
Je courrais dans une sombre forêt et c'était la nuit. Les étoiles et la lune étaient cachées de nuages. Je ne savais pas pourquoi je courais et, au bout d'un moment, je trébucha. Ce fut à ce moment que les nuages se dégagèrent et que je compris pourquoi je courais. Devant moi, le même renard qui m'avait traumatisée pour toujours et qui était pourtant mort, dévorait le cadavre de Patte Vivace, mon meilleur ami.
Je me réveilla en sursaut, les yeux écarquillés par la peur et des sueurs froides coulant le long de mon dos. J'avais beau faire ce même rêve chaque nuit, j ne m'y faisait jamais. Il était comme prémonitoire, sauf que c'est événement était déjà arrivé.
Doucement, je me levais et allais m'asseoir devant ma tanière, au clair de lune. Les autres guerriers dormaient profondément et j'avais pris garde à ne pas les réveiller, m'étant faufilée hors du gîte comme une ombre silencieuse.
C'est alors que je vis le pelage ébène, presque invisible, de Secret des Lucioles, le guerrier devenu guérisseur, se faufiler à travers la clairière et disparaître dans le tunnel d'ajoncs.
Il ne semblait pas m'avoir vu, en même temps, le gite des guerriers était à l'autre bout de son propre gîte et il n'avait pas regardé dans sa direction, surtout qu'en plus, avec mon pelage gris sombre et mes yeux luisants moins fort dans l'obscurité, comparé aux autres, à cause de leur sombre couleur, il était quasi impossible de me voir, et heureusement! Ainsi, je pu me faufiler à sa suite, l'espionnant.
Ce que je faisais n'avait rien de mal, j voulais juste savoir pourquoi notre guérisseur sortait en plein milieu de la nuit, quoi de plus normale? Finalement, je me cacha dans un buisson, le voyant arrêté près du Petit Pont délabré où peu d'entre nous se rendait. Je l'observais donc, silencieuse. Le mâle ne bougeait pas, accroupie dans l'herbe, profitant du calme ambiant. Au bout d'un moment, il dut sentir que le soleil ne tarderait pas et se leva. Le matou se mit alors à chercher quelque chose dans l'herbe, se fiant à son odorat. Je compris alors qu'il cherchait des plantes, sûrement pour expliquer son absence. Puis, n'en trouvant ni dans l'herbe, ni près de la rivière, il commença à rebrousser chemin lorsqu'un écureuil fit craquer une branche dans mon dos.
Secret des Lucioles se stoppa net et huma l'air avant de se préparer à se remettre en route, déduisant surement qu'il s'agissait du rongeur, quand ce fut à moi de marcher sur l'un des nombreux bouts de bois qui jonchaient le sol. Me maudissant intérieurement pour mon manque de discrétion, j'entendis le mâle demandait d'une voix calme, comme à son habitude:
"Qui est là ?"
Restant détendu, le chat au pelage d'ébène s'assied tranquillement, attendant une réponse que je vins lui apporter moi-même en sortant de ma cachette et en me dirigeant vers lui, miaulant d'un ton toujours glacé qui permettait aux autres de facilement me reconnaître, même sans me voir ou m'entendre:
"Ce n'est que moi, pardon de te déranger mais je voulais savoir ce qui t'avais poussé à sortir du Camp, Secret des Lucioles."
Je savais qu'il m'avait reconnu, au moins par mon odeur, car après tout, ce n'était pas parce que le guérisseur était aveugle, qu'il en était pour autant idiot.