A pas feutré, je me faufile entre les hautes herbes. Sous mes pattes crisse la neige tandis que je m'avance vers ma maigre proie. Je garde ma queue haute et réduis au maximum mes vibrations dans le sol pour ne pas me faire repérer. En cette saison des neiges où la nourriture se fait rare, une proie ratée est une grave erreur pour le clan et je ne peux pas me le permettre, pas pour eux. Mon cœur se sert. Suis-je vraiment le loyal chat que je pense être? J'ai toujours obéit aveuglément à mon chef, attaqué mes adversaires et chassé mes ennemies. Mes ennemies ou les siens, je ne sais pas. Pourtant, grâce ou à cause de Roussette, je doute. Toutes ces anciennes traditions claniques sont-elles vraiment bonnes? Ne pouvons-nous pas juste vivre ensemble et nous entre aider? Ô, chats de la Toison Argentée, pardonnez-moi, l'amour me fait dire des choses horribles et je n'ai pas le temps de rêvasser.
D'un bond, je saute sur ma proie et la mord au niveau de la nuque. Le goût de la chair du rongeur me fait saliver mais, je ne laisse rien paraitre et, le fruit de ma chasse entre les dents, rejoins ma patrouille. Mon grogne de faim mais je ne l'écoute pas, nous avons tous faim, c'est le lourd fardeau de la saison des neiges, le froid et la faim. Mes coussins s'enfoncent dans la poudreuse et semblent geler. Alors que je marche derrière mes compagnons, ma patte avant gauche dérape sur une flaque d'eau gelée et je tombe en avant, cognant violemment mon épaule sur le sol. Je laisse échapper un cri de douleur. Mais quel idiot je fais! Une blessure alors que le clan a besoin de guerrier en pleine forme pour se nourrir! Je tente de me relever mais, glisse à nouveau et tombe sur le même côté. Cette fois-ci, mon cri se fait plus fort, plus long, plus déchirant. Ma proie tombe dans la neige.Tandis que les autres membres de la patrouillent me rejoignent et me demandent mon état mon regard se tourne vers le chat au pelage roux flamboyant qui se tient parmi eux A travers ses yeux verts, je m'imagine la honte d'avoir un chat aussi sot et lourdaud dans son clan et ne peux que le comprendre. Je me mors la lèvre et parvient à articuler:
"Désolé"
Toujours à terre, je baisse la tête, penaud, tandis que mon épaule me fait souffrir.